Drogue et crime économique : l’EPT au cœur de la prévention

Dans un contexte où les jeunes sont de plus en plus confrontés aux défis liés à la consommation de drogue et à la criminalité économique, l’École Polytechnique de Thiès (EPT), en collaboration avec le CROUS-T, a organisé une journée de réflexion et de sensibilisation autour du thème « Drogue et crime économique ». Cette initiative salutaire s’inscrit dans une dynamique de prévention, d’information et d’accompagnement des étudiants dans leur construction personnelle.

L’ingénierie de la vie : une jeunesse responsable face aux fléaux de son époque

La cérémonie d’ouverture a été marquée par l’allocution du représentant du bureau des élèves, M. TIMEIRA, qui a invité ses camarades à réfléchir sur leur rôle dans la prévention des actes nuisibles à leur avenir. Il a tenu à rappeler une vérité essentielle : « La toute première ingénierie, c’est celle de la vie. Être ingénieur, c’est aussi être une personne bien faite, consciente de ses responsabilités sociales. »

Une collaboration au service de la formation citoyenne des ingénieurs

Le Directeur des Études de l’EPT, M. Abdoulaye Guissé, a salué la pertinence du thème et a adressé ses vifs remerciements au CROUS-T, représenté par le CSA M. Ousmane Moussa HANE, pour son accompagnement constant auprès des étudiants. Cette collaboration témoigne du lien fort qui unit les deux institutions, au service d’un objectif commun : former des citoyens responsables.

Panel riche et multidisciplinaire

Modéré par Maître Sakho, le panel a réuni des intervenants aux profils diversifiés mais complémentaires, offrant ainsi une lecture croisée des enjeux liés à la drogue et au crime économique.

État des lieux, enjeux et stratégies de prévention

Le chef d’Escadron Thierno LY (GLAD – Groupe de lutte Anti-Drogue de la Gendarmerie) a posé les bases de la discussion en définissant la drogue et en dressant un état des lieux du trafic, notamment en Afrique de l’Ouest, désormais identifiée non plus comme une simple zone de transit, mais aussi comme un lieu de transformation. Il a insisté sur la nécessité d’agir en amont, soulignant que la prévention doit précéder l’intervention. Il a présenté la stratégie nationale de lutte contre la drogue, articulée autour de quatre axes : prévention, poursuite, protection et partenariat, insistant sur le rôle essentiel de l’engagement communautaire, en particulier dans les écoles et universités.

Entre causes profondes et conséquences systémiques de la toxicomanie

Le Lieutenant Boucar Seck de la Douanes a apporté un éclairage technique en expliquant les différentes classes de drogues : dépresseurs, stimulants, hallucinogènes, ainsi que leurs effets sanitaires, économiques et sécuritaires. Il a mis en évidence les causes de la toxicomanie chez les jeunes, telles que la curiosité, la pression sociale, l’oisiveté ou l’ignorance. Selon lui, il est crucial de mieux informer pour mieux protéger.

Quand l’économie se fait complice du crime

À son tour, le Commandant Bada Dieye (Adjoint au Chef du Groupement polyvalent de recherches et de répression de la fraude de la Douane) a abordé le lien entre trafic de drogue et criminalité économique, notamment à travers le phénomène du blanchiment de capitaux. Il a présenté les différentes méthodes utilisées, y compris le commerce international et les nouvelles technologies comme les crypto-monnaies. Pour lui, la lutte contre ce type de criminalité exige une coopération renforcée entre les institutions, mais aussi une vigilance citoyenne.

L’ingénieur au cœur de la lutte contre la drogue

Le Capitaine Ndoye (Gendarmerie) a mis l’accent sur les stratégies numériques utilisées par les trafiquants, notamment à travers des applications cryptées. Il a exhorté les futurs ingénieurs à imaginer des solutions technologiques capables de contrecarrer ces stratégies. Il a également alerté sur les dangers de partager ses pièces d’identité à des tiers, appelant à une citoyenneté responsable et vigilante.

Repenser la lutte au-delà de la répression

Apportant une perspective humaine et clinique, le Pr Abdou Sy (Psychiatre) a invité à nuancer la loi de 2007, qui criminalise toute forme de détention ou de consommation de drogue. Selon lui, cette approche uniquement répressive contribue à l’augmentation de la population carcérale sans répondre aux besoins de soin. Sur un ton à la fois sérieux et pédagogique, il a expliqué les mécanismes de la dépendance, insistant sur l’importance du plaisir dans l’addiction, et sur la nécessité de mettre en place des stratégies communautaires de réduction des risques. Il a rappelé que la guérison ne peut être laissée au seul effort individuel et que des centres de prise en charge et de réinsertion sont indispensables.

Un moment d’échange enrichissant

La session de questions-réponses a permis aux participants d’exprimer leurs préoccupations, notamment sur la coopération internationale dans la lutte contre le trafic, la pertinence des cannabis shops dans le contexte sénégalais, ou encore la difficulté de sortir seul de la dépendance.

Le débat a aussi permis d’équilibrer les approches : si le psychiatre a appelé à plus d’accompagnement humain, les représentants des forces de défense ont rappelé que la répression demeure un levier dissuasif important, à condition qu’elle soit encadrée dans le respect des droits.

Le CROUS-T réaffirme son engagement

Le Chef de la Division Accueil et Accompagnement Social (DAAS) a clôturé la journée en remerciant les panélistes, les étudiants présents, ainsi que le président du bureau des élèves. Il a également réaffirmé l’engagement du CROUS-T, sous la houlette de son Directeur, à accompagner les étudiants dans leur parcours personnel et citoyen.

Cette journée aura été, sans nul doute, un moment fort d’éveil des consciences, et un appel à la responsabilité pour toute une génération d’ingénieurs en devenir.